Mesure et démesure dans gargantua
Tous ces comportements appartenant au registre de la démesure dans cet ouvrage qu’est Gargantua, ne sont-ils pas supplantés par une mesure omniprésente et tout aussi artistique ?
Tout d’abord, nous étudierons le personnage de Frère Jean qui présente dans son attitude énormément d’excès, pouvant apparaitre tout d’abord comme une critique de la condition de moine, mais il apparait au final comme un trouble-sagesse. Tout d’abord, il présente nombre de défauts que Rabelais semble assimiler aux moines en général. Ainsi il ne passe aucun chapitre sans qu’il soit question de son ivrognerie, sa paillardise dans le discours qu’il tient à Gargantua lorsqu’il lui demande « pourquoy est ce que les cuisses d’une damoizelle sont tousjours fraisches ? » ou encore son ignorance notable ainsi que son manque caractérisé de piété dans sa religion. Mais malgré cela il présente deux qualités qui en font un compagnon idéal pour Gargantua, ainsi son courage immense est la première. Comment ne pas appeler courageuse son action mener lorsqu’il défendit l’abbaye où il vivait ? Ou à lui seul il tua non moins de 13000 soldats ennemis. Cette action, toute démesurée qu’elle soit, est supplantée par son qualité, Frère Jean ne fait jamais preuve d’oisiveté, il ne rechigne jamais à la tâche, c’est pour ceci qu’il est considéré par Gargantua comme le compagnon parfait, il le prouve en disant : «chascun le soubhaite en sa compaigni ». Frère Jean est essentiel dans ce récit pour nuancer la satyre des moines mise en place par Rabelais, mais aussi pour réintroduire la folie carnavalesque, thème de cette œuvre, après l’éducation donnée par Ponocrates. Frère Jean, sous ses airs de démesures est en fait ici pour apporter mesure dans les paroles de Rabelais, pour nuancer ses dires. Et quoi de plus sage que Frère Jean, lorsque Gargantua lui propose sa propre abbaye il répond : « Comment pourroys je gouverner aultruy, qui moymesmes gouverner ne