Introduction

L'ère de la colonisation française des pays du Maghreb (1830-1962) 1est sans doute la phase où l'ossature de l'identité collective des peuples de ces pays s'est violemment ébranlée pour donner lieu à des métamorphoses qui sillonnèrent profondément les représentations de toute une génération sur les questions majeures et alors actuelles d'une existence humaine sous l’étau de l'oppression.

Le présent travail se veut pour objectif de traiter de la question de l'identité, caractérisée non seulement par sa complexité mais aussi par sa transversalité dans le champ littéraire. Il ne s'agit pas, en l'occurrence, de traiter des facettes sociologiques de cette dernière mais plutôt de ses expressions dans la littérature algérienne en particulier. En Algérie, la plaie ouverte qu'a infligée le colon à cette terre, laisse voir la naissance d'une expérience unique aussi par sa cruauté que dans la diversité de ses formes de lutte. La littérature Algérienne de l'époque coloniale le montre d’avantage, étant à la fois un témoignage et une insurrection et indignation individuelle usant de la langue comme un « butin de guerre » comme le dit et fait Kateb Yacine2.

Cette littérature trace en barbelé les frontières entre deux univers s'encombrant par la force de la guerre qui atteint son paroxysme vers la fin des années cinquante : l'univers de l'oppresseur et celui de l'opprimé. Les réactions populaires et individuelles face à cette intrusion y sont fidèlement mais aussi très subjectivement dépeintes, nous permettant ainsi de voir à l’intérieur où s’enchevêtrent les rapports de force au sein d'une société déchirée, les rapports de cette société avec le colonisateur et le fantasme de l'écrivain.

L'expérience littéraire qui nous intéresse dans ce sens est celle qui implique que l’écrivain, victime de la guerre mais également militant inlassable contre cette guerre, ait à s'insurger dans la langue de son ennemi, est loin d’être anodine ni sans conséquences, aussi sur