Michel Tremblay, habitant d’un quartier populaire montréalais, met en scène, dans son théâtre et dans ses récits, des personnages québécois souvent marqués par une grande misère affective, par une frustration causée par des contraintes. [SP]Dans Le Vrai Monde ? et À toi pour toujours, ta Marie-Lou on retrouve des personnages vrais désespérés. Mais est-il juste d’affirmer que Madeleine et Léopold vivent deux formes différentes d’aliénation ?[SD] On peut répondre à cette question en observant que les deux acceptent leur conditions de vie pénibles et qu’ils sont des personnages révoltés. [IP 1]Tout d’abord, les deux personnages se résignent à des conditions d’existence pénibles. [IS1]Dans son monologue, Madelaine décrit sa vie marquée par l’ennui, la maladie et l’angoisse et, au debut , elle communique à son fils Claude : « Quand ton père est disparu depuis des jours pis que ta sœur est partie travailler, ça m’arrive de m’ennuyer. C’est sûr. » (l. 1-3).Elle affiche une solitude qui la laisse inoccupée : « La télévision est plate, la lecture m’a jamais beaucoup intéressée… » (l. 4-5). En plus, la veuve vit avec l’inquiétude de la maladie : « […] j’me retrouve immanquablement ici, dans le salon, sur le sofa, avec les mains croisées sur les genoux pis un verre de lait […] au cas où une douleur me prendrait… ». (l. 8-11) Sa souffrance est aussi reliée à la peur et à l’angoisse .On remarque dans l’extrait une didascalie qui associe au silence l’angoisse de Madeleine : « Silence. On la sent angoisser. » (l.24).[IS2]De son part, Léopold se voit comme victime de ce qui l’entoure. Il se sent en particulier exploité par son patron : «Ça fait vingt ans que j’travaille pour c’t’écœurant-là… Pis j’ai rien que quarantecinq ans…C’est quasiment drôle quand tu penses que t’as commencé à travaillerpour un gars que t’haïs à l’âge de dix-huit ans pis que t’es t’encore là à le sarvir. » (l. 1-5) Il souffre d’être déshumanisé, esclave de sa machine : « Tu viens que t’es tellement