Mlle
Christian, cadet de Gascogne sans esprit mais beau, a su susciter l’amour de Roxane, et
Cyrano a durant quelques jours écrit pour lui des lettres enflammées d’amour et suffisamment éloquentes pour charmer Roxane, qui est une précieuse –l’action se situe en
1640, sous Louis XIII.
Juste avant cette scène, Christian a voulu parler lui-même à Roxane, refusant d’apprendre par cœur les paroles que lui aurait dictées Cyrano. Devant l’échec de cette tentative et l’irritation de Roxane, Christian accepte de répéter les paroles de Cyrano. Mais comme il est difficile de souffler ainsi, Cyrano, qui est caché sous le balcon, prend pour la 1ère fois la parole lui-même. Et pour la 1ère fois, il abandonne l’esprit artificiel et précieux.
La scène « classique » du duo amoureux est donc ici renouvelée par la situation du quiproquo source d’une intense émotion pour Cyrano, Roxane et le spectateur.
I. Manifestations du sentiment amoureux.
A/ Exaltation, émotion très forte.
• Plusieurs procédés permettent de faire sentir l’exaltation qu’éprouve Cyrano à pouvoir exprimer son amour.
Champ lexical de l’exaltation : « j’étouffe », « je suis fou », « je n’en peux plus », « c’est trop », « je frissonne ».
Rythme rapide des vers souvent rythmés par des coupes toutes les 2 ou 3 syllabes : vers
1441, 1443-44, 1466-69.
Nombreux points d’exclamation : 10 du vers 1468 au vers 1477.
Nombreuses hyperboles : « tous ceux », « j’étouffe », « je suis fou », « tout le temps »,
« je me souviens de tout, j’ai tout aimé », « tellement, « sur toute chose », « sur tout », « trop beau, trop doux », « jamais espéré tant ».
• La possibilité d’exprimer ses sentiments avec sa propre voix est pour Cyrano le sommet du bonheur. Lorsqu’il dit « il ne me reste qu’à mourir », ce n’est pas, comme peut le croire
Roxane, une hyperbole flatteuse : Cyrano n’attend