Modernite et tradition
La tradition s’exprime de deux manières différentes et complémentaires : c’est d’une part l’évolution d’un état d’esprit, l’idée de décadence, et d’autre part un courant intellectuel et philosophique.
L’idée de décadence
L’instinct de mort joue un rôle considérable dans toutes les cultures. Platon, dans La République, expose comment les régimes se corrompent. Mais ce mal reste évitable, par des systèmes d’éducation évolués. A Rome, le problème de la mort de l’empire s’est posé bien avant que celle-ci n’intervienne. On analysera cette décadence en termes de prolétariat intérieur et extérieur (Toynbee). Il en va de même pour la décadence athénienne telle qu’éclairée par Salluste (La Conjuration de Catilina). Une explication d’ordre religieux : si les ennemis extérieurs demeurent les barbares, les ennemis intérieurs deviennent les péchés : l’idée de décadence s’alourdit de tout le poids d’une faute.
Au XVIe siècle, l’Antiquité est valorisée contre la modernité selon Furet. Quevedo parle en 1624 d’une corruption par le luxe d’un idéal originel de frugalité et de moralité. Bruni associe la décadence des Belles-lettres à la dégradation des libertés publiques. Giovanni Botero établit une généalogie de la corruption à l’intérieur d’un Etat. Une méfiance croissante se fait jour dans les forces de l’homme, avec le sentiment que même les cités parfaites de l’Antiquité ont été à la fin détruites par la fortune. Il existerait une puissance, mi-providence mi-hasard, à laquelle le monde est soumis, et qui détruit aussi la République de Platon.
Le danger des richesses : Gibbon, s’il cite toujours les causes morales de la décadence, est attentif à ses causes sociales. C’est l’idée, célèbre, que la décadence commence avec l’abondance. La civilisation des Lumières se sait vulnérable et elle a la hantise des ruines (Magnasco, Guardi peignent ainsi les restes de l’architecture antique).
Pour Herder, la Renaissance est un hommage tardif à