Molière et ses personnages
Le sociétaire Edmond Geffroy, acteur et peintre, les fige, en 1857, dans un style propre à son époque. Un hommage et un témoignage de la ferveur avec laquelle le XIXe siècle redécouvre Molière.
À l'écart, les solitaires
Molière est assis à l'écart, à l'extrême gauche du décor. On peut en effet parler de décor, puisque nous sommes au théâtre et qu'il s'agit d'un décor référencié, librement inspiré des Allées des Arceaux de Montpellier, ville où Molière fit plusieurs séjours avant son installation à Paris. Il est dans une atti¬tude méditative, le regard tourné à la fois vers « le public » et vers ses « caractères », comme sur une scène.
Les personnages sont plus ou moins groupés par pièce, encadrés par deux des plus grands « rôles » du répertoire moliéresque, Alceste (Le Misanthrope) et Harpagon (L'Avare), personnages solitaires, décalés par rapport à la société de leur temps, tournant le dos aux groupes que forment d'une part les protagonistes du Malade imaginaire, Argan, Toinette, Louison avec les deux médecins ridicules, les Diafoirus père et fils, et d'autre part ceux de Tartuffe, Orgon et Mme Pernelle face à Tartuffe flanqué de son valet Laurent.
Au centre, les mondains
Comme un hommage aux plus brillants caractères de la comédie telle que l'a façonnée Molière, Célimène, entourée des petits marquis. Célimène incarne, pour le XIXe siècle, l'héroïne par excellence dans la hiérarchie des « emplois », la « grande coquette », le rôle convoité par toutes les comédiennes, celui qui fait l'objet des querelles de préséance au sein de la troupe de la Comédie-Française, celui qu'illustrent les meilleures : Armande Béjart à la création, Louise Contat au XVIIIe siècle, Mlle Mars au début du XIXe...
Quant aux marquis, Molière lui-même non seulement a