Molière – le génial farceur
Les traits de la farce
Au début du XVIIe siècle en France, trois genres dramatiques reflétaient les strictes divisions des classes sociales: la tragédie était associée à la noblesse, la comédie à la bourgeoisie, la farce au peuple. Mais pour découvrir les caractéristiques de la farce, il faut d’abord répondre à quelques questions implicites: Qu’est-ce que c’est que la farce? Depuis quand existe-t-elle? Quels sont les farceurs de la France? La farce est le genre dramatique qui a comme but de faire rire et qui a souvent des caractéristiques grossières, bouffonnes et absurdes. Elle remonte à l'Antiquité gréco-romaine. Aristophane et Plaute l'ont illustrée dans nombre de leurs œuvres. Et comme on va le voir, Molière y a trouvé des modèles et des exemples pour ses farces. À partir de 1450, se développe, à côté d’un théâtre religieux et de finalité édifiante, celui des mystères, un théâtre purement profane, un théâtre du rire, celui des farces. Écrite en vers octosyllabes, la farce est une pièce courte autour de 500 vers, dont les sujets et les personnages sont empruntés à la vie quotidienne, souvent la plus humble. « On y voit paraître et dialoguer de manière savoureuse gens de la campagne et gens de la ville, avec leurs vêtements, leurs habitudes de vie, leur métier, leurs loisirs, leurs pratiques religieuses - et aussi leurs défauts que la farce n’épargne pas. »[1] À la campagne on a affaire à des jeunes paysans sots que leurs parents ont parfois tort de vouloir confier à un magistrer, des cures ou de moines sensuels. À la ville, car la farce met surtout en scène le peuple et la petite bourgeoisie urbaine: nombre d’artisans et de gens de métier, de petits marchands ou de marchands plus riches et cupides, le clergé toujours dont l’image est universellement désastreuse dans les farces, et les femmes qui introduisent la guerre et la tromperie au logis. Même s’il y a une longue