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IDENTITÉ, MULTICULTURALISME[1] ET LAÏCITÉpar Jacqueline Lernie BouchetCe qui apparaît de plus prégnant en ce début du XXIe siècle est la question de la place qu'il faudrait accorder aux identités culturelles. La notion de simple tolérance[2], née dans le contexte des guerres de religion en Europe, pourrait représenter selon le philosophe Jürgen Habermas, « un modèle pour penser un multiculturalisme qui ne se réduise pas à une juxtaposition de ghettos » . Et pourtant, n’est-ce pas ce que l’on constate dans différents pays ? Selon Habermas, ces « droits culturels »[3] devraient être garantis à tous les citoyens à condition qu’ils soient essentiels à leur identité personnelle. Il précise également que la « coexistence égalitaire » requiert l’intégration. En admettant que le pays d’accueil fasse l’effort d’intégration, la question est de savoir si l’individu ou le groupe concerné en est conscient et en mesure de l’accepter.Pour Michel Wieviorka[4], c’est une absurdité que de mettre en parallèle la République une et indivisible et le communautarisme « négateur de l’individu, facteur de chaos et de délitement de l’identité nationale ». S’en tenir à la tolérance, précise-t-il, n’est pas suffisant parce qu’elle place « ceux qu’elle concerne en position d’infériorité, leur signifiant des limites et la menace d’interdiction qui va de pair . Or, qui fixe, et comment, ces limites, qui, selon l’expression de Tocqueville, risquent d’être soumises à l’omnipotence de la majorité ? » Michel Wieviorka conclut qu’il serait peut-être utile d’envisager « des politiques de reconnaissance ». Comme Habermas, Wieviorka parvient à la conclusion que les droits culturels devraient suivre les droits politiques et les droits sociaux.Se posent déjà plusieurs questions. Si les droits culturels passent par l’identité personnelle, comment définir cette dernière ? Comment savoir si les traditions véhiculées par l’individu ou le groupe ne sont pas imposées par des siècles