Myrinos, Anthologie Palatine VII, 703.

Traduction.
Thyrsis le villageois, qui fait paître les brebis des nymphes,
Thyrsis qui joue de la flûte de manière semblable à la flûte de Pan, buveur de vin en plein midi, dort sous le pin ombreux ; et c’est Eros lui-même qui garde les troupeaux, ayant pris le bâton.
Ah ! Nymphes, Nymphes, réveillez le berger hardi contre les loups, de peur qu’Eros ne devienne la proie des bêtes sauvages.

Commentaire.
QÚrsij Ð kwm»thj : D’emblée, cette épigramme de Myrinos semble renvoyer à l’idylle 1 de Théocrite, dont Thyrsis est, avec un chevrier, le personnage principal. Cependant, alors que, chez Théocrite, Thyrsis est appelé poim»n par le chevrier (v.7), ce n’est pas, chez Myrinos, en tant que berger qu’il nous est présenté (même si la suite du poème rappelle qu’il est Ð nomeÚwn et Ð boskÒj), mais en tant que kwm»thj, terme sur lequel le poète insiste en le plaçant avant la coupe penthémimère. Il est donc immédiatement placé du côté de la civilisation, il appartient à un espace organisé et bien délimité, la kèmh (le bourg, le village), et non à l’espace sauvage, plus proche de la nature, qui est d’ordinaire celui du monde bucolique. De plus, ce monde est censé être exclusivement humain, alors que le monde bucolique est peuplé à la fois d’hommes et de divinités. Mais Thyrsis est en réalité dans une position incertaine, entre monde humain et monde de la mythologie.

En effet, les deux autres côla du premier vers semblent rattacher Thyrsis au monde de la mythologie aussi, avec l’emploi de l’adjectif numfik¦ : Thyrsis est au service des nymphes. Plus loin, le poète demande aux nymphes de le réveiller. Ces informations impliquent qu’il y a eu au minimum une prise de contact entre ces personnages et que ce contact peut se renouveler : à travers eux, ce sont deux mondes qui se rencontrent. Cependant, l’implication de Thyrsis dans le monde de la mythologie est peut-être plus profonde qu’il n’y paraît : Thyrsis pourrait bien être