Médée
L’intérêt pour le personnage de Médée dans la littérature depuis l’Antiquité grecque est basé sur les différentes possibilités de l’interprétation du mythe. Ainsi, Médée peut passer d’une mère qui aime tendrement ses enfants à une meurtrière passionnée commettant des actes atroces dans sa vengeance. De plus, elle peut être femme abandonnée et errante, mais aussi magicienne ou sorcière. Toutes ces interprétations ne sont ni vraies ni fausses puisque Médée est un personnage ambigu. Le point de vue de l’auteur est important, par exemple il condamne Médée comme monstre inhumain comme l’a fait Sénèque, auteur de l’Antiquité romaine, ou l’auteur déclare Médée non coupable et voit ses actes dans une toute autre lumière comme l’a fait récemment l’auteur allemand Christa Wolf dans son œuvre poly perspectifMédée. Voix1. Elle établit une nouvelle image de Médée qui devient le bouc émissaire pour les intrigues personnelles du roi Créon à Corinthe et qui est sacrifiée par Jason pour sa propre prospérité. Christa Wolf a expliqué son choix du personnage de Médée de la façon suivante :
Médée s'imposa à moi comme une femme à la frontière entre deux systèmes de valeurs, concrétisés d'une part par sa patrie, la Colchide, et d'autre part par le lieu où elle a trouvé refuge, Corinthe, […], Corinthe, la riche cité dorée, qui ne supporte pas la guérisseuse hautaine, sûre d'elle, compétente qui devine que la cité s'est construite sur le crime. On sacrifie des êtres humains à deux idoles, pouvoir et la richesse. Il faut calomnier cette femme, l'humilier, la chasser, la supprimer. On lui accroche pour l'éternité l'étiquette d'infanticide. Les meurtriers de ses enfants auront l'hypocrisie de rendre hommage à leurs victimes. Toute tentative pour tirer au clair les circonstances du meurtre en essayant de comprendre, d'élucidé [sic], de changer les comportements est rendue impossible. L'Histoire se met en marche.2
Pour Pierre Corneille,Médéeest sa première tragédie. Il écrit