Nation au proche orient
La chute de l’empire multinational Ottoman, puis la décolonisation ont conduit à l’émergence d’une idéologie nationaliste au Proche-Orient. Diffusée par les progrès de l’éducation, l’idée nationaliste est incarnée, au début du XX° siècle, par des leaders charismatiques, tels que Mustapha Kemal en Turquie, Reza Chah en Iran, ou Nasser en Egypte, qui assoient leur pouvoir en entreprenant d’ambitieuses politiques de modernisation. Aujourd’hui, le sentiment national paraît largement mis à mal au Proche-Orient : alors que le conflit Israélo-Palestinien réunit l’ensemble des populations arabes dans la haine d’un ennemi commun, la montée de l’islamisme et les conflits religieux semblent mettre le fait religieux au premier plan. Aussi peut-on s’interroger sur la place à accorder à la Nation au Proche-Orient. L’Etat-nation, d’imitation européenne, et érigé en modèle lors de la décolonisation, ne reflète pas la réalité humaine au Proche-Orient. Les appartenances ethnico-linguistiques, mais surtout religieuses, semblent primer sur le sentiment d’appartenance nationale. Seront successivement étudiés l’importance des minorités au sein des Nations du Proche-Orient (I), le rôle du facteur ethnique (II), puis la prépondérance du facteur religieux comme élément structurant.
1. l’importance des minorités au sein des Nations du Proche-Orient
Les nations du Proche-Orient sont pour la plupart des créations récentes, nées de la décolonisation. En leur sein, des groupes ethniques ou religieux ont été rassemblés ou séparés contre leur gré. Cela fragilise les Etats-nations. Certes, le multiculturalisme n’est pas forcément synonyme d’instabilité. L’empire Ottoman, s’étendant sur 8 000 000 km2, englobait une vaste part de l’actuel Moyen-Orient, mais également du Maghreb et de l’Europe. Bien que laissant une vaste autonomie à certaines de ses provinces, il a perduré pendant plus de 6 siècles.