Nature et culture
Polysémie du mot "culture"
1 - "culture" s’entend au sens ordinaire de "savoir théorique maîtrisé" qui s’oppose à l’ignorance.
L’homme cultivé parvient, par la raison, à résister à ses impulsions spontanées, par ses connaissances, à élaborer des outils et des techniques grâce auxquels il maîtrise son milieu et l'exploite à son profit. L’ignorant incapable de lire et de communiquer avec un langage précis, rigoureux, abstrait, méconnaît les opinions différentes des siennes. Aussi, dénué d'esprit critique, donc prisonnier d'une pensée magique primitive, il se contente le plus souvent de réagir spontanément aux circonstances du milieu, qu'il ne sait ni exploiter ni réguler. Les phénomènes naturels les plus banals (intempéries, faune et flore...) lui paraissent extraordinaires, merveilleux ou terribles : aussi prête-t-il à son environnement des propriétés fabuleuses. L’ignorant est dominé par l'émotion.
Dans une telle perspective, que l'individu cultivé soit "meilleur" que l'ignorant primitif. La preuve : le premier, par les armes et la stratégie, produits de son ingéniosité, se rend vite maître du second. Si l'instruction s'avère évidemment meilleure, alors instruire apparaît comme une mission prioritaire. La nature, stade brut, originaire, animal de l’humain, doit être dépassée par la transmission des savoirs au plus grand nombre
Dans la vision classique, le savoir et l'instruction surplombent nos aptitudes naturelles, qu'ils dissimulent et font taire. Au socle de nos aptitudes innées, il suffit d'adjoindre un "étage" supplémentaire d'instruction qui peut censurer nos penchants naturels, mais ne les modifie pas.
Au contraire, chez Kant, notre nature présente une sauvagerie totale qui nous tiendrait rebelles à toute instruction si nous ne nous mettions d'abord en peine, par la discipline, de modifier et d'altérer nos réflexes, notre impulsivité. Disons le mot : il faut le dénaturer. A ce stade, toute forme d'éducation prête le flanc à