Ne plus partager, Eluard
Capital de la douleur 1926
I) L’art d’être malheureux
Etre malheureux est un art exploité par Paul Eluard pour nous transmettre son évocation personnelle de la douleur. A l’aide de l’image de «la ceinture à la gorge » (v4) Eluard traduit son angoisse à la sortie de la guerre. D’autres images rendent cette douleur intérieure par la réduction du paysage : l’anaphore « entre » des vers 6,7 et 8 place d’un coté les images laissées par la guerre « des barrières »(v6) ; « des murs et des mâchoires »(v7) et de l’autre celles de la nature synonyme de liberté : « des arbres »(v6) ; « ce grand oiseau »(v8) ; « la colline »(v9). D’autres images appartenant au lexique du regard viennent clôturer cette douleur du à la solitude : « l’espace à la forme de mes regards »(v10) L’expression de la douleur est synonyme de complaintes où le chagrin se mêle à la confession dans un langage épuré où seuls émergent des mots clés comme « folie »(v1) ; « inconnu »(v3) ; « vagabond »(v4) et « sang »(v20). Il s’agit d’un chant douloureux où le poète se sent étranger au monde qui l’entoure.
II) Une esthétique de la destruction
Grace a une esthétique de la destruction Eluard nous montre ce qui à été et ce qui n’est plus. Il dresse un décor hérité de la guerre et qui lui masque le bonheur à venir.
Une image de la rupture entre le monde et lui comme un miroir brisé illustré symboliquement par l’expression : « Tous les ponts sont coupés » de l’alexandrin du vers 15 coupé à la césure et terminé par un second hémistiche « le ciel n’y passera plus » symbolisant le bonheur à jamais détruit. Ce miroir brisé qui symbolise la rupture entre deux mondes celui de la guerre, celui d’avant et celui complété par une poétique de la rupture et de l’immobilité. D’où l’opposition entre son regard et ce qu’il voit. D’un coté il y a le monde après la guerre et de l’autre son propre moi. Cette rupture est traduite au vers 17 par le verbe « se détache