Ne sommes-nous que des mots ?
Introduction :
Puis-je dire que je suis ce langage que je parle et où ma pensée se glisse
au point de trouver en lui le système de toutes ses possibilités propres,
mais qui n’existe pourtant que dans la lourdeur de sédimentations
qu’elle ne sera jamais capable d’actualiser entièrement ?
En posant cette double question, Michel Foucault résume bien le débat introduit par le sujet qui nous est proposé : « Ne sommes nous que des mots ? » En d’autres termes, Notre être, dans sa triple dimension psychologique, cognitive et éthique peut-il être réduit à des mots ? Notre réalité tant individuelle que collective se ramène-t-elle à des discours ? Est-ce seulement à travers les mots que nous devenons nous mêmes ? Penserions-beaucoup et penserions nous bien si nous n’avions pas de langage ? Mais, au-delà, suffit-il de disposer des mots pour penser, suffit-il de dire pour être, ne faut-il pas aussi agir ? N’être « que des mots » peut d’abord être pris dans une acception psychologique. Notre « moi » pourrait-il apparaître sans langage et sans échanges avec autrui ? En quoi sommes-nous redevables aux mots pour être nous-mêmes ? Mais cela suffit-il à rendre compte de la totalité de notre être conscient ?
Initialement, l’enfant ne distingue guère ce qu’il est pour lui-même de ce qu’il est pour les autres. Il s’appelle lui-même par son prénom, signe qu’il n’a pas encore construit la limite de son moi. On dira, avec Piaget, qu’il est à une phase syncrétique de son intelligence. C’est lorsqu’il trouve le mot « je », pour se dire, qu’il devient à la fois capable de se désigner lui-même face aux autres qui sont maintenant des « tu » ou des « ils ». Cette autonomie du moi se conquiert aussi par le jeu des questions sur l’attribution (« c’est à qui ? ») dont la finalité est de préciser les contours du domaine propre de sa subjectivité. On peut donc dire que c’est par l’acquisition du langage, en trouvant « des mots pour se dire », que