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Nestlé a beau être le groupe agroalimentaire le plus puissant au monde, cela n'empêche pas ses dirigeants de penser à l'avenir. En 2005, le groupe s'est ainsi posé la question de savoir quelle serait au cours de cent prochaines années la ressource qui pouvait assurer la croissance de l'entreprise. Pour Peter Brabeck-Letmathe, président de la multinationale, la réponse ne fait pas de doute : cette ressource miracle s'appelle l'eau.
Devenu leader sur le marché de l'eau minérale, Nestlé a vu son chiffre d'affaires dépasser les 80 milliards d'euros. Et, tandis que 900 millions de personnes n'ont pas accès à l'eau potable, le géant suisse possède aujourd'hui au moins une usine d'embouteillage dans chaque pays.
Interrogé à cette époque, M. Brabeck-Letmathe estimait que la question de la privatisation de l'eau pouvait être abordée de deux manières : "L'une est extrémiste, défendue par quelques ONG qui considèrent que l'eau est un bien public." Balayant cette thèse, il insiste : "L'eau est une denrée alimentaire comme les autres et doit avoir une valeur marchande." Empruntée au documentaire We Feed the World, cette profession de foi trouve une place centrale dans l'enquête réalisée par Urs Schnell et Res Gehriger.
BATAILLE JURIDIQUE SANS MERCI
Depuis les bords du lac Léman jusqu'aux bidonvilles de Lagos, au Nigeria, les deux journalistes remontent les méandres du marché de l'eau minérale Nestlé. Dans l'Etat du Maine, aux Etats-Unis, se livre ainsi une bataille juridique