New deal
Article écrit par Claude FOHLEN
Prise de vue
Historiens et économistes ont beaucoup discuté sur le sens et la portée du New Deal. Aux États-Unis, pays consacré au capitalisme libéral, l'intervention de l'État fédéral dans la vie économique n'était sans doute pas une nouveauté, mais jamais encore cette intervention n'avait été aussi massive, aussi continue, aussi efficace à bien des égards. Surtout, elle n'avait jamais autant affecté le domaine social et la vie individuelle des Américains. Une analyse plus poussée révèle cependant qu'aucun des remèdes adoptés par
Roosevelt ne peut passer pour révolutionnaire. Certains ont voulu voir dans l'expérience du New Deal une manifestation des idées keynésiennes. Tout au plus peut-on parler d'une concomitance, non d'une influence.
Car si Roosevelt eut l'occasion de rencontrer John Maynard Keynes, il déclara ne rien comprendre à ses théories, et le grand ouvrage de l'économiste anglais parut en 1935, trop tard pour influencer le cours des choses. Plusieurs des collaborateurs de Roosevelt connaissaient bien mieux Keynes, mais ils conseillèrent fort mal le président en 1937, en le laissant présenter un budget en équilibre grâce à des suppressions massives de crédits indispensables à la relance de l'économie.
On peut d'ailleurs mettre en doute l'efficacité du New Deal en tant que remède économique. En 1938, les
États-Unis atteignent tout juste leur niveau de production d'avant la crise, mais leur revenu national reste encore en deçà, et le chômage est loin d'être résorbé. Le seul pays avec lequel puisse être comparée la modicité de ces résultats est la France.
Cependant, le New Deal a servi d'exemple dans plusieurs pays. La politique consistant à lutter contre la crise par une augmentation des prix et des salaires, au lieu de recourir à la traditionnelle déflation, inspira le
Front populaire après son succès électoral de 1936. Mais, comme aux États-Unis, il se heurta à l'incompréhension des milieux d'affaires qui