Notes et contres-notes de ionesco

1490 mots 6 pages
Ionesco, Eugène, Notes et contre-notes, collection Pratique du Théâtre, éditions Gallimard, 1962, p 3-22

Quand on me pose la question: «Pourquoi écrivez-vous des pièces de théâtre?» je me sens toujours très embarrassé, je ne sais quoi répondre. Il me semble parfois que je me suis mis à écrire du théâtre parce que je le détestais. Je lisais des œuvres littéraires, des essais, j’allais au cinéma avec plaisir. J’écoutais de temps à autre de la musique, je visitais les galeries d’art, mais je n’allais pour ainsi dire jamais au théâtre.
Lorsque, tout à fait par hasard, je m’y trouvais, c’était pour accompagner quelqu’un, ou parce que je n’avais pas pu refuser une invitation, parce que j’y étais obligé. Je n’y goûtais aucun plaisir, je ne participais pas. Le jeu des comédiens me gênait: j’étais gêné pour eux. Les situations me paraissaient arbitraires. Il y avait quelque chose de faux, me semblait-il dans tout cela.
La représentation théâtrale n’avait pas de magie pour moi. Tout me paraissait un peu ridicule, un peu pénible. Je ne comprenais pas comment l’on pouvait être comédien, par exemple. Il me semblait que le comédien faisait une chose inadmissible, réprobable. Il renonçait à soi-même, s’abandonnait, changeait de peau. Comment pouvait-il accepter d’être un autre ? De jouer un personnage ? C’était pour moi une sorte de tricherie grossière, cousue de fil blanc, inconcevable.
Le comédien ne devenait d’ailleurs pas quelqu’un d’autre, il faisait semblant, ce qui était pire, pensais-je. Cela me parais- sait pénible et, d’une certaine façon, malhonnête.
Aller au spectacle, c’était pour moi aller voir des gens apparemment sérieux, se donner en spectacle. Pourtant, je ne suis pas un esprit absolument terre à terre. Je ne suis pas un ennemi de l’imaginaire. J’ai même toujours pensé que la vérité de la fiction est plus profonde, plus chargée de signification que la réalité quotidienne. Le réalisme,

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