Les relations entre l'Égypte ancienne et l'Afrique noire ont posé et posent encore d'énormes problèmes à la communauté scientifique. Il y a en effet une sorte de controverse opposant deux camps, le premier défendant le rattachement de la civilisation pharaonique à celles qui ont fait la gloire du Proche-Orient antique, et le second une appartenance sans équivoque de cette même civilisation pharaonique au monde négro-africain. Ce débat, scientifique en apparence, cache en réalité des arrière-pensées idéologiques que les deux camps se renvoient mutuellement, s'accusant réciproquement de manquer d'objectivité et de sérénité. Aujourd'hui, force est de constater que le débat est dans l'impasse, du fait que les tenants de l'appartenance de l'Égypte à la sphère proche-orientale campent sur un dogme qui n'est plus à la page, en raison de nombreux résultats de recherche présentés par le camp adverse. Malgré eux cependant, certains tenants d'une Égypte non négro-africaine se rendent compte qu'il n'est plus possible de s'en tenir aux arguments d'autorité qui ont fait leur temps et qu'il faut donc trouver une nouvelle stratégie. Cette dernière consiste à faire semblant d'accepter l'idée d'une Égypte négro-africaine dans un premier temps et à rejeter ensuite les arguments avancés, souvent, en invoquant le hasard, le parallélisme, I'universalisme. En un mot, on s'arrange toujours pour contester les résultats proposés, parce que, semble-t-il, leur preuve ne serait pas établie.
Cela pose donc un problème de méthodologie dans la démarche utilisée par ceux qui veulent prouver que l'Égypte ancienne appartient bien au monde négro-africain. C'est ce qui nous a amené à réfléchir sur la question et à exposer ici la démarche méthodologique qui doit être celle du chercheur africain qui veut, non pas éviter le rejet de ses thèses — parce qu'elles seront toujours rejetées par ceux qui ne peuvent pas se faire à l'idée d'une Égypte négro-africaine —, mais s'entourer de toutes les garanties