Olere
La question du mal est philosophiquement problématique. Il semble que tout mal se définisse par rapport à un quelque bien, et un mal absolu est envisageable en pensée mais difficilement concevable concrètement. De plus, le critère qui servirait à définir ou plutôt à évaluer le mal est toujours subjectif : si l’on voit quelqu’un se blesser, le mal nous semble moindre que si nous étions nous-mêmes blessés. Bref, il semble donc que le mal pur, absolu, soit une notion mythique, non concrète.
Et pourtant, l’histoire nous a dévoilé une entreprise de destruction de l’homme par l’homme telle qu’elle touche aux confins de l’imaginable, qu’il nous semble impossible de la concevoir telle qu’elle a existé. La
« solution finale » mise en place par le III° Reich sous le gouvernement nazi d’Hitler rejoint en cela la notion philosophique de « mal » en soi. La mise en place progressive et systématique, extrêmement organisée, de la destruction voulue totale d’un peuple entier, ainsi que de tous les dissidents au régime nazi et de ceux jugés inférieurs à la race aryenne (qu’ils soient tziganes, handicapés ou homosexuels) a pris la forme d’une entreprise de destruction à la rigueur militaire et à échelle industrielle. La création de ghettos, de camps de concentration et d’extermination a conduit à la mort par épuisement, faim, maladie, désespoir, torture ou crime de diverses sortes (fusillade, coups à mort, gazages en masse par le
Zyklon B, incendies, etc.) de plusieurs millions d’hommes. L’horreur fut telle qu’aussi informé que l'on soit des réalités de ce temps-là, il y a tout de même encore parfois des choses que l’on vient à apprendre, et l'on comprend alors que, les ignorant, ou ne les concevant pas assez clairement, c'est comme si l'on n'avait à peu près rien su. Et quoiqu’il en soit, le mal était tellement omniprésent sous tant de formes qu’il est à peu près impossible de le décrire, de le dire, de l’exprimer, sans se confronter à la limite