Pantomime
Hélène Harmat In Pantomime et théâtre du corps – PUR 2009
Le geste entre défiguration et figure : postérité contemporaine de la pantomime
Si la pantomime comme forme pure ne fait plus guère partie, aujourd’hui, du registre scénique, les thèmes et les techniques propres à ce genre innervent néanmoins la création des dernières décennies. En danse comme en théâtre, bien des démarches se sont inspirées au vingtième siècle des pratiques du mime corporel, parent proche de la pantomime1, ou ont référé explicitement au style pantomimique en le « citant » dans le cadre d’une œuvre. Mais au-delà de tout rapprochement stylistique, on peut repérer dans les pratiques scéniques les plus récentes une postérité de ce langage représentatif bien particulier : la trace et le dépassement des questions soulevées par la pantomime à propos de la mimésis. Car ce genre, malgré la diversité des formes et des contextes qu’il a pu connaître, cristallise toujours les contradictions propres au jeu représentatif, dans un tiraillement entre transparence et opacité dont il a été question dans les études précédentes, et dont je rappellerai brièvement les contours : la pantomime permet de confronter directement l’indicialité brute du corps et une certaine forme d’abstraction ; elle articule une expression débridée de l’inconscient et une structuration extrême du langage gestuel. Le corps du pantomime fin-de-siècle, en particulier, peut simuler l’hystérie tout en produisant une infinie distance vis-à-vis de son jeu, puisque l’acte même d’imiter est mis en abyme par cette outrance. Corps-pantin, agi de l’extérieur, il est traversé de forces pulsionnelles ; tantôt objet de tortures, tantôt secoué de désirs, il réactive la conjonction antique entre monstre et monstration. Le geste pantomimique est donc un creuset où se conjuguent et s’abrasent mutuellement l’expression discursive et celle d’une irréductible corporéité. Car le jeu physique du mime fait signe, contrairement au mouvement,