Papyrus
Les larges ombrelles du papyrus se balançaient autrefois jusqu’à six mètres de haut sur les terres marécageuses du delta du Nil. Plante sacrée, aux utilisations innombrables, le papyrus a aujourd’hui pratiquement disparu d’Egypte ; dans quelques recoins du Soudan peut-être, sur les rives des fleuves tropicaux, ses forêts verdissent-elle encore.
Le nom que nous avons adopté, et que lui ont donné les Grecs, signifie « royal » selon les égyptologues ; la fabrication de ce matériel d’écriture était en effet un monopole d’Etat. Il n’est pas tout à fait exact de dire que l’histoire du livre commence avec le papyrus, mais depuis le moment où les scribes égyptiens commencèrent à écrire sur les feuilles de papyrus à l’aide de bâtonnets de bambou et d’encre préparée avec de la suie, l’évolution du livre s’est faite de manière cohérente et continue dans notre culture. Le livre est un descendant de ces lointains ancêtres.
Il y a un peu plus de cinq siècles, l’Occident ne connaissait d’autres livres que ceux écrit à la main ; comment étaient-ils faits et en quelle quantité ? Le nombre de livres fabriqués alors n’a évidemment rien de comparable avec celui d’aujourd’hui. On sait qu’à certaines périodes de l’époque romaine, la quantité de livres produits à la main –mais selon des méthodes presque « industrielles » dans le cadre de l’économie d’alors- était assez importante, comme elle le fut d’ailleurs probablement dans le monde égyptien, hellénique et arabe. A Rome, des esclaves litterati, très recherchés, copiaient les textes latins, appelés à devenir des classiques, et les traductions de textes grecs, qui l’étaient déjà ; la société littéraire et le public se retrouvaient pour de véritables réunions « de promotion » dans les tabernae librariae, les librairies d’alors.
Ensuite, pendant tout le Moyen Age, le livre fit rare, la demande étant presque inexistante. Le Moyen Age dura mille ans ; dans cette longue succession de siècles, la production de livres fut à