Autrefois, je m’appelais Lucas Chauvin et à bien des égards, j’étais un adolescent comme les autres. Je vivais dans un petite maison au centre d’un petit village de campagne avec ma mère et ma grande soeur. Mes parents étant divorcés, je voyais son père deux fois par semaine mais je ne m’en plaignais pas le moins du monde. Je n’avait jamais eu beaucoup d’affinités avec lui et bien nous aimions passer un peu de temps ensemble, nos discussions restaient principalement centrées sur mes résultats scolaires. Quand j’étais plus jeune, mon père me donnait toujours l’impression de ne pas être le garçon qu‘il désirait avoir. J’ai toujours été pleurnichard, peu manuel et surtout beaucoup plus attiré par les jeux de ma sœur que par les voitures qu’il s’obstinait à m’offrir. Avec le temps, il ne se donna même plus la peine de me demander de l’aide quand il bricolait où faisait du jardinage. Parfois, ma mère me poussait à aller à sa rencontre dans le but de lui prêter main forte, main qu’il refusait constamment en prétextant que je n’étais pas apte à effectuer tel ou tel travail. Bien qu’être débarrassé des traditionnels « boulots d’homme » me soulageait, cette attitude a également renforcé le sentiment que je n’étais pas le garçon qu’il fallait à mon père. Je préférais passer du temps dans ma chambre à écouter des comédies musicales, lire des Bd’s ou jouer aux poupées avec ma sœur plutôt qu’aller à la pêche ou faire des campings en forêt. Mon père n’a jamais cherché à « me changer » mais j’ai toujours regretté le manque d’effort accomplis pour essayer de réparer le fossé qui existait entre nous, comme si j‘étais un cas désespéré. Je l‘aimais, mais nous n’avons jamais connu cette relation virile et masculine qui existe entre la plupart des pères et leur fils. Quand mes parents ont décidé de divorcer, j’étais trop jeune pour comprendre les raisons mais assez grand pour réaliser que ma vie était sur le point de changer. Nous avons quitté le centre ville où nous habitions pour