Patrick artus - salaires et croissance
Comment faire repartir la croissance en Europe ?
Ne soyons pas trop optimistes : il y a un risque clair d'un développement "à la japonaise" de l'économie européenne, avec, comme au Japon, une longue période de désendettement liée aux excès antérieurs, au recul des prix des actifs et à la situation des banques, conduisant à une faiblesse structurelle de la demande. De plus, le soutien de la croissance des pays de l'OCDE par les pays émergents ne sera pas du tout celui qui était escompté : les pays émergents continuent à gagner des parts de marché et substituent des productions domestiques aux importations depuis les pays de l'OCDE, ce qui est un premier signe de "déglobalisation", la suite pouvant être la déglobalisation financière, l'arrêt du financement des pays de l'OCDE par les excédents d'épargne des pays émergents. Il ne faut pas non plus compter sur la coopération entre les pays de l'OCDE ; au contraire, ils risquent de mener les uns vis-à-vis des autres des politiques hautement non coopératives : protectionnisme déguisé, dépréciations des taux de change. Enfin, les politiques macroéconomiques de soutien de la demande (déficits publics, expansions monétaires) n'ont plus de marges de manœuvre, on le voit bien. Quant aux politiques structurelles (recherche, nouvelles industries…) elles ne peuvent au mieux avoir d'effet que dans plusieurs années. La reprise de la croissance en Europe dans les prochaines années ne viendra donc probablement pas des émergents, de la coopération internationale ou des politiques macroéconomiques et structurelles. Que reste-t-il ? Des politiques domestiques de stimulation de la demande par :
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RECHERCHE ECONOMIQUE Rédacteur : Patrick ARTUS
la déformation du partage des revenus au profit des salariés, alors que l'inverse reste à se produire ; une réforme fiscale réduisant la taxation du travail, accroissant celle du capital et de la pollution, et dont l'objet est de soutenir la demande.
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