Paul eluard, le temps déborde (1947)
Les mots souffrance ou douleur n'apparaissent pas dans le poème, mais paradoxalement l'insupportable constat de la disparition s'exprime par l'évocation de la vie puis par celle de la mort et enfin par l'incapacité d'en parler. Cette vie qui renvoyait au passé du premier vers puis a l'imparfait disparaît dans le dernier vers, "Mon passé se dissout". En utilisant la voie pronominale, le poète témoigne que cette action se fait sans sa volonté. La souffrance est cependant traduite par la constante alternance vie/mort, visible/invisible, présence/absence qui apparaît comme une tentative désespérée du poète de faire réapparaître Nusch. Le point final prend un sens particulier dans la reconnaissance de sa propre impuissance, avec la mort de Nusch le poète a cessé d'exister, il meurt lui aussi, "il fait place au silence", silence de recueillement ou silence d'écrivain, il ponctue sa phrase d'un point final, seul signe de ponctuation du poème.
Conclusion
Ce poème , surtout remarquable dans sa structure et l'usage des temps, exprime de façon lyrique l'absence de sa compagne. Expression de la douleur, du déchirement, les 15 alexandrins de ce poème judicieusement agencés, sans ponctuation exprime toute la densité du malheur de notre poète désespéré.
Paul Eluard, Le Temps déborde (1947)
Introduction:
À la fois fois novatrice et traditionnelle, la poésie du XX e siècle est représentée par le retour à l'expression lyrique, renouvelée notamment dans la célébration de la femme aimée par les auteurs surréalistes.
Ce texte est un poème extrait du Temps déborde, intitulé « Notre vie ». Il a été écrit par Paul Eluard et a été publié en 1947.
Il se compose de trois strophes dans lesquelles le poète nous confie un souvenir douloureux. Ce poème nous plonge alors dans l'intimité de l'auteur et nous accorde le statut privilégié de confident.
Nous étudierons donc, en premier lieu, les éléments qui donnent au poème un caractère intime et