La demande étant largement supérieure à l’offre , les annonces publiées dans les journaux iraniens annonçant l’ouverture de places et donnant l’adresse d’une agence de voyage où s’inscrire donne lieu à de véritables attroupements et parfois à quelques altercations, la foule concentrant parfois plusieurs centaines de personnes qui devront se partager une quarantaine de places. Le plus souvent, les disputes seront résolues par un tirage au sort départageant les heureux "élus". Il s’agit en effet d’une véritable élection étant donné que selon la croyance chiite, tout pèlerinage chez l’un des Saints Imams doit être précédé d’un "appel" et de l’agrément de celui-ci. Un nom tiré au sort pourra alors donner lieu à des sanglots manifestant une joie sans nom, celle d’avoir été "choisi" et "accepté" par l’Imam lui-même. Et les commentaires de fuser "Eux, l’Imam les voulait !" ou encore "l’Imam Hossein a bien choisi, ils sont arrivés parmi les premiers hier soir et ont passé la nuit ici...". Ceux qui n’auront pas eu la chance d’être choisis devront se contenter d’ "implorer les prières" (eltemâs-e do’a, selon l’expression consacrée en persan) des futurs pèlerins. Le pèlerinage dure une dizaine de jours, dont trois à Nadjaf et quatre à Kerbala, le reste du temps étant passé dans l’autobus et les files d’attentes des innombrables contrôles aux frontières et "check points" en tous genres au sein de l’Irak. Au départ de Téhéran, les pèlerins transitent par la frontière de Mehran, au nord-ouest du pays et, après plusieurs heures d’attente à la frontière, pénètrent enfin en Irak au petit matin. Là-bas, un autobus irakien datant d’une autre époque les attend pour les conduire jusqu’à Nadjaf, ville où fut enterré l’Imam Ali, gendre du prophète et premier Imam du chiisme. Cependant, de façon générale, la visite du tombeau de l’Imam Hossein à Kerbala constitue un moment clé de la vie de tout croyant chiite qui tend même à éclipser, du moins dans le langage, celui de l’Imam Ali, ce