Peut-on avoir raison ou tort de dire "c'est beau" ?
« Heureux est l’homme qui possède la rectitude du jugement » disait Sénèque dans La vie Heureuse.
Le jugement peut par une preuve factuelle se vérifier mais la validité du jugement esthétique, quant à lui, ne saurait totalement exister car elle pose la question du point de vue : sommes nous réellement à même de discuter des goûts et des couleurs ?
On ne discuterait pas d’un sentiment ou d’une émotion, sans pour autant connaître leur fondement.
Or, la définition de la beauté et sa recherche sont au cœur des réflexions des philosophes et des penseurs, mais aussi des artistes, selon des critères pouvant être à la fois esthétiques, techniques, politiques, sociaux ou plus généraux.
Dire qu’on peut avoir raison ou tort de formuler un jugement esthétique sous-entend que non seulement on peut en discuter, mais que ce genre de jugement relèverait de la raison, du vrai.
Mais peut-on envisager le jugement esthétique (c’est beau) comme étant seulement subjectif, et dans quelles conditions ce jugement esthétique relèverait-il du vrai et pourrait ainsi être universel ? Ou encore est il légitime de formuler un jugement esthétique fondé sur le vrai ?
Donner une définition de la beauté semble peu envisageable, celle-ci étant une combinaison abstraite de qualités qui mènent à un sentiment de plaisir.
Bien que résultant d’une contemplation, ces qualités ne sauraient être uniquement esthétiques, et on dit d’une chose qu’elle est belle à la fois car c’est l’expression d’une perception individuelle, mais aussi le fruit de l’appartenance de l’individu à une époque et une classe sociale, et enfin on dirait « c’est beau » parce que l’on détient l’idée universelle et sans concept du beau en nous.
La phrase « C’est beau » exprime un sentiment, un plaisir suscité par la contemplation d’une œuvre, d’une chose ou d’une personne. Elle n’est donc assurément pas le fruit d’un raisonnement, mais a contrario une