Peut-on mentir
Si la loi punit l’usage des faux-papier d’identité ou les faux témoignages, elle n'inquiète pas les marchands d'illusions ou celui qui, pour épater des amis, s’invente des exploits qu’il n’a pas accomplis. Il est en effet des mensonges que la loi ne réprouve pas. Pourtant chacun apprend, par son éducation, qu'il est "laid" de mentir et que l'honnêteté et la sincérité sont des vertus morales qu'il faut cultiver. Mais chacun découvre aussi qu'il n'est pas bon de dire à autrui tout ce qu'il a sur le coeur et qu'en certaines circonstances il est même recommandé de mentir: par exemple mentir à quelqu'un pour ne pas le blesser ou lui épargner des souffrances, comme cacher la vérité à une personne atteinte d'une grave maladie. Comment se repérer dans toutes ces situations où le mensonge est tantôt condamné, tantôt justifié. Est-il certain par exemple qu'un mensonge bienveillant soit toujours légitime? Ne peut-on lui opposer un droit fondamental de la personne à la vérité? Ainsi nous voudrions savoir ce que vaut, en définitive, la règle qui condamne le mensonge. Est-elle sacrée? Est-elle simplement utile? Si oui, quelle sorte d'utilité a-telle? Peut-elle tolérer des exceptions? *** On peut mentir par intérêt personnel (pour se soustraire à une punition ou obtenir un avantage); mentir pour nuire à quelqu'un (faire circuler à son sujet une fausse information afin de salir sa réputation); mentir enfin pour servir l'intérêt d'autrui (s'accuser d'un crime à la place d'un autre). Dans tous les cas, mentir à quelqu'un revient à le manipuler pour lui inspirer une opinion ou une décision. C'est pourquoi personne n'aime apprendre qu'il a été trompé. Quand le cas se présente, et que nous avons démasqué un menteur, nous souffrons d' avoir été comme
une «chose» entre ses mains. Nous lui en voulons de nous a voir fait penser ou choisir ce que nous n'aurions ni pensé ni choisi si nous avions su la vérité. Mais si l'intention du menteur est bienveillante, devronsnous