Peut-on partager des intérêts ?
Partager des intérêts paraît tout à la fois impossible et nécessaire. Impossible par le fait que l’intérêt prend sa source dans l’amour de soi ce qui signifie immédiatement la recherche d’un avantage individuel. L’intérêt est lié aux appétits individuels et porte en lui une conflictualité qui rend le partage des intérêts contradictoires. Durkheim : intérêtsconflits et désunions, plutôt que concorde et attente. Mais les conflits ne sont-ils pas préjudiciables aux intérêts et n’est-il pas dans l’intérêt des intérêts que les hommes s’accordent ?
S’agit-il de s’accorder sur les moyens de satisfaire nos intérêts individuels ? Dans ce cas, l’échange est le point de convergence des intérêts particulier (Smith).
Mais s’agit-il d’un véritable partage ? Le partage n’implique-t-il pas le dépassement des intérêts particuliers et la commune participation à un même intérêt défini comme bien commun ? Mais si l’on considère que les seuls intérêts naturellement donnés sont les intérêts particuliers, comment l’émergence d’un tel intérêt est-elle possible ?
I. il est impossible de partager des intérêts
Lorsqu’on dit d’un individu qu’il agit de manière intéressée, qu’il défend ses intérêts, on entend par la que son activité est guidée par la recherche d’un avantage dont il tire tous les bénéfices en tant que particulier. L’intérêt n’existe pour moi qu’à travers de la représentation de ce qui m’est avantageux. L’intérêt décrit la manière dont le particulier se rapporte à lui même, dans la recherche d’une satisfaction strictement individuelle. L’intérêt est ainsi solidaire d’une valorisation du Moi, de ses prétentions, de ses appétits individuels. La preuve en est que lorsque le centre de gravité d’une action n’est plus moi mais l’autre, on ne parle pas d’intérêt mais de désintéressement (charité, don…). Cela confirme que l’intérêt est par nature polarisé sur le moi et sur les avantages individuels qu’il peut tirer que sa relation avec les