Phèdre de jean racine
Non seulement elle a honte de ce qu'elle ressent, mais en plus, elle remarque le caractère incontrôlable de cet aveu avec la question rhétorique « Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ? » (V. 694). Voilà pourquoi, on ne peut pas réduire Phèdre à une simple belle-mère incestueuse, comme Racine écrit dans la préface « n'est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente ». Certes Phèdre est coupable. Elle est coupable d’un amour incestueux. Elle a brisé l’amour entre Hippolyte et Aricie pour des raisons égoïstes. Elle a menti accusant Hippolyte de l’avoir séduite. Par sa faute, le jeune Hippolyte meurt, à cause de la colère du père qui demande au dieu Neptune de punir son fils. Mais Phèdre est également innocente. En effet, elle est victime de la volonté des dieux et de son sort. Fille de Minos et de Pasiphaé, son destin est déjà scellé. « Objet infortuné des vengeances célestes » (v. 677) ou …afficher plus de contenu…
La maitrise des passions était une vertu fondamentale au XVIIème siècle, donc laisser cette passion incestueuse et dévastatrice commander sa raison constitue une grande culpabilité. Comme Barbara Marczuk[footnoteRef:3] écrit dans Les Maladies de L’âme : « Les passions ne dépendent pas du choix ni de la volonté, les gens sont altérés, émus par elles ». [2: J. Pigeaud, La Maladie de l'âme, Etude sur la relation de l'âme et du corps dans la tradition médico-philosophique antique, Paris : Les Belles lettres, 1989, chap. IV.
] [3: B. Marczuk, Les Maladies de L’âme, dans les Narrations au Féminin à la Renaissance, Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego, Kraków 2006,