Introduction Toute parole au théâtre s'adresse à deux destinataires : le ou les autres protagonistes en jeu et le public. C'est ce que l'on appelle la double énonciation. (Situation de l'extrait) Désemparée en apprenant le retour de Thésée, Phèdre laisse sa confidente, Oenone, mentir au roi en accusant Hippolyte d'avoir voulu la séduire. Furieux, Thésée demande à Neptune de punir le traître. Lorsqu'il comprend son erreur, il est trop tard. Théramène, le gouverneur d'Hippolyte, vient, dans cette 6 de l'acte V, faire le récit de la mort de son maître. (Présentation de l'extrait) L'attaque et le meurtre d'Hippolyte par un monstre marin envoyé par le dieu Neptune ne peuvent, de toute évidence, être représentés sur la scène. Le souci de l'unité de lieu, mais aussi la nécessité d'observer les bienséances conduisent l'auteur à recourir au récit. Pour autant, et comme l'écrit Aristote, « la fable doit être composée de telle sorte que, même sans les voir, celui qui entend raconter les faits frémisse et soit pris de pitié. » (Poétique, 1453b). Aussi le récit a à charge, selon le principe de la double énonciation, d'informer le personnage de Thésée du sort réservé à son fils, en même temps que d'informer le spectateur, chez qui il doit susciter terreur et pitié. (Problématique) Dans cette perspective, nous nous demanderons comment le récit de Théramène parvient à toucher le spectateur, davantage même que s'il était représenté. (Annonce du plan) Pour ce faire, nous nous proposons de suivre trois axes d'étude. Tout d'abord, nous nous attacherons à montrer en quoi cet extrait est un récit captivant qui suscite l'attention du spectateur et le captive par son pouvoir de suggestion. Puis, nous nous attacherons à montrer en quoi cet épisode constitue une véritable scène héroïque. Enfin, nous montrerons en quoi la mort d'Hippolyte est une mort tragique qui constitue le premier mouvement du dénouement, ainsi que le premier mouvement cathartique réel de la pièce.