Philo
Les Migrations internationales dans le contexte de la mondialisation de l’économie
Douglas S. Massey
Les migrations internationales font partie de la mondialisation. Est-ce une perte de ressources que d’essayer d’endiguer cette vague d’immigration ?
Des manifestants à Washington, dans un rassemblement pour la réforme de l'immigration, le 17 mai 2006. Le 16 mai, le Sénat des États-Unis a voté pour la construction d'une barrière de centaines de kilomètres le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Ne reconnaissant pas la complexité des migrations internationales actuelles, les responsables politiques ont encouragé la montée de l'immigration et renforcé la marginalisation des immigrants vivant aux États-Unis.
Lorsque l'on étudie le phénomène des migrations internationales au XXIe siècle, il est important de garder à l'esprit l'aphorisme souvent cité du philosophe George Santayana : « Ceux qui ne peuvent pas se souvenir du passé sont condamnés à le répéter. » Les flux migratoires actuels ne sont pas un phénomène de génération spontanée. Ils sont intimement liés à des mécanismes plus larges d'intégration économique qui ont en quelque sorte « rétréci » la planète ces cinquante dernières années. Des régions reliées entre elles par des échanges de biens, de capitaux, de produits de base et d'information sont également reliées par des flux migratoires, mécanisme que l'on appelle désormais « la mondialisation ». Ce que beaucoup ne comprennent pas, c'est que la vague actuelle de mondialisation n'est pas la première dans l'histoire de l’humanité. En effet, dans une mesure assez remarquable, la période actuelle est une réplique d’une mondialisation antérieure qui a connu son apogée pendant la première décennie du XXe siècle lorsque, par exemple, la proportion d'étrangers dans la population américaine était beaucoup plus élevée qu'elle ne l'est aujourd'hui. La première période de mondialisation a beaucoup plus de points communs avec la nôtre que