Philo
[Introduction] Savoir « conduire sa vie » ne relève pas chez l’homme d’une aptitude immédiatement et automatiquement donnée. Il ne va, en effet, nullement de soi pour l’être humain d’apporter des réponses toujours adaptées aux situations diverses (et parfois très problématiques) dans lesquelles il peut se trouver. Qu’il s’agisse de « vivre » ou, au-delà de la seule survie biologique, de « bien vivre » (c’est-à-dire conformément à un idéal à atteindre), l’expérience semble donc jouer un rôle déterminant pour la conduite de la vie humaine, constituant progressivement un savoir compensant un manque de réponse instinctive. Mais, suffit-il pour autant d’être confronté à une grande diversité de situations et d’évènements ou d’accumuler des observations pour disposer de repères fiables nous indiquant où nous devons aller et comment ? L’expérience ne doit-elle pas plutôt être éclairée et complétée par une réflexion issue de la raison pour constituer un véritable guide dans la conduite de notre vie ?
[I] « Avoir de l’expérience » semble constituer un atout déterminant pour bien maîtriser une pratique (« c’est en forgeant qu’on devient forgeron »), prendre une décision ou encore analyser une situation de la manière la plus pertinente et adaptée possible.
Le « manque d’expérience », de confrontations multiples avec le domaine que l’on veut maîtriser, apparaît, au contraire, comme un défaut majeur pouvant conduire à des erreurs importantes qui peuvent même être dramatiques s’il s’agit de la conduite de la vie. Le jugement d’un « homme d’expérience » sera ainsi considéré comme fiable car enrichi du temps de sa confrontation avec la réalité, des « leçons de son expérience » (que celles-ci évoquent des réussites ou des échecs et des erreurs). Ainsi, de même que l’on fait davantage confiance à un chirurgien ou un pilote expérimenté dans la maîtrise de la pratique ou la capacité à faire face à