Travail sur le stoïcisme

1 – Entretiens 4 – La voix de la liberté

Il s’agit ici de déterminer l’essence de la liberté selon Epictète – et, de fait, la condition sine qua non pour que liberté il y ait. La réflexion d’Epictète semble s’articuler en trois temps. Dans un premier temps, la liberté est évoquée tout à fait théoriquement, de sorte qu’il en résulte une vision manichéenne du monde : l’homme qui ne rencontre aucun obstacle à son désir et qui « a tout à sa disposition comme il veut » est libre ; quant à l’homme « qui peut être arrêté, contraint, entravé ou jeté malgré lui dans quelque entreprise », il est serve. Cependant, Epictète ne se borne pas à poser cette assertion ; plutôt, comme il entreprend de « connaître celui qui ne rencontre pas d’obstacle », il en explicite la quintessence. Dans un second temps, donc, l’auteur creuse la question plus à la fond et met le doigt sur l’essence de la liberté, sa condition primordiale et nécessaire : être libre, c’est être « celui qui ne désire rien qui lui soit étranger. » De sorte que son propre corps, et a fortiori sa fortune, sont absolument étrangers à l’homme libre ; et s’il ne se peut faire que cet homme néglige parfaitement de telles choses, encore qu’elles lui soient étrangères et qu’il n’ait nullement besoin de s’y attacher pour s’affranchir de la servitude, à tout le moins se doit-il de ne pas faire d’elles l’objet de son désir – car c’est alors qu’il ne serait pas libre. D’où il résulte, dans un troisième temps, que l’homme ne s’attachant qu’aux choses qui sont inhérentes à sa nature – et par là-même, dépendent de lui –, et n’aspirant à aucune de celles qui lui sont étrangères, s’engage sur la « route qui conduit à la liberté », et à plus forte raison, à Dieu. Dieu est ici nature et raison divines, administrateur du cosmos ; un être absolu ayant présidé à la naissance des hommes en tant qu’il a, dès le commencement, imprimé une orientation à leur destin et leur a assigné une