Philosophie
Toutefois, on peut se demander s’il est bien vrai que le commerce est susceptible d’unir les nations et les particuliers sans un autre principe qui le soutient car pourquoi échanger lorsqu’on peut prendre impunément ? On examinera d’abord la question du point de vue des échanges internationaux, puis on se demandera si une société qui repose sur le seul marché est véritablement corrompue et enfin si les vertus morales sont susceptibles de mieux garantir la justice que le strict échange intéressé. Cet extrait commence par l’énoncé d’une thèse de Montesquieu selon laquelle le commerce a un effet naturel, à savoir la paix. Par commerce, il faut entendre un échange qui a pour principe que l’on donne à quelqu’un ce dont il a besoin et dont nous n’avons pas besoin alors que lui nous donne ce dont nous avons besoin et que nous n’avons pas. Bref, chacun donne et reçoit en même temps quelque chose de différent qui satisfait son intérêt. D’où proviendrait donc cet « effet naturel » ? En quoi commercer conduit à la paix et non à la guerre ?
Montesquieu fait fond sur l’intérêt qui guide le commerce. Chacune des nations en tant qu’elles commercent avec l’autre négocie. Le terme étymologiquement renvoie au negotium latin qui désigne l’affairement intéressé. Il est clair qu’il ne peut y avoir de négociation sans paix. Mais, l’argument est circulaire en ce sens que c’est le fait que le commerce porte naturellement à la paix que Montesquieu veut prouver. Or la négociation dont il parle produit comme effet la dépendance des deux nations. En ce sens, une telle union s’oppose à la guerre qui par définition est