Physiocratie
Grains : L'agriculture, seule source de richesse [4]
[4] Diderot et d'Alembert, L’Encyclopédie, 1757, article « GRAINS » écrit par François Quesnay. Extrait de Josiane Boulad-Ayoub et François Blanchard, Les grandes figures du monde moderne, Les Presses de l'Université Laval © 2001, pages 420-421)
Les principaux objets du commerce en France sont les grains, les vins et eau-de-vie, le sel, les chanvres et les lins, les laines et les autres produits que fournissent les bestiaux [...]. Mais on s'aperçoit aujourd'hui que la production et le commerce de la plupart de ces denrées sont presque anéantis en France. Depuis longtemps, les manufactures de luxe ont séduit la nation ; nous n'avons ni la soie ni les laines convenables pour fabriquer les belles étoffes et les draps fins ; nous nous sommes livrés à une industrie qui nous était étrangère, et on y a employé une multitude d'hommes dans le temps que le royaume se dépeuplait et que les campagnes devenaient désertes.
Pour gagner quelques millions à fabriquer et à vendre de belles étoffes, nous avons perdu des milliards sur le produit de nos terres, et la nation, parée de tissus d'or et d'argent, a cru jouir d'un commerce florissant [...].
Les travaux d'industrie ne multiplient pas les richesses. Les travaux de l'agriculture dédommagent des frais, payent la main-d'œuvre de la culture, procurent des gains aux laboureurs : et de plus ils produisent les revenus des bien-fonds. Ceux qui achètent les ouvrages d'industrie payent les frais, la main-d'œuvre et le gain des marchands ; mais ces ouvrages ne produisent aucun revenu au-delà [...].
Il n'y a donc pas multiplication de richesses dans la production des ouvrages d'industrie, puisque la valeur de ces ouvrages n'augmente que