Dès le début de la pièce, Phèdre détient le secret d’un amour scandaleux pour Hippolyte qu’elle avouera, à Oenone et Hippolyte, se trahissant, elle conduira les autres personnages de la pièce, vers une chute dans la tragédie. C’est cet amour impossible qui domine cette tragédie. La mort d’une Phèdre à la fois coupable d’un amour inadmissible et innocente puisqu’ irresponsable de celui-ci qui lui est infligé par Vénus, donne à cette scène une véritable dimension tragique. La présence du champ lexical de la mort et de la souffrance « funeste » « faiblesse » « punie » « supplice » « tranché » « gémir » « mort » « poison » « expirant » est caractéristique de ce registre. La victoire de la mort semble inévitable et attendue depuis le début de la pièce comme le montre le vers 1633 « Le fer aurait déjà tranché ma destiné », ce qui rend le personnage digne de pitié mais suscite aussi de la terreur. En effet la volonté de maîtriser leur destin en vain par de nombreux efforts et notamment ceux d’Oenone est aussi typique des personnages de la tragédie classique. Phèdre se trouve piégée entre impuissance et actions vaines et cela se ressent dans la tirade où la voix active comme par exemple au vers 1635 « j’ai voulu » et au vers 1637 « J’ai pris, j’ai fait couler » et la voix passive telle que dans les vers 1625 « Le ciel mit en mon sein une flamme funeste » ou de la fatalité héréditaire qui s’acharnent sur les femmes de sa famille, et la responsabilité de Vénus, ici qualifiée par « Le ciel » au vers 1625 rend encore plus pitoyable le personnage qui est vu comme une victime de la fureur des dieux. La mort est ici, comme dans de nombreuses tragédies, précipitée par l’action des personnages et leur volonté de tenter de maîtriser un destin déjà tout tracé. C’est la volonté de Phèdre, qui se déclarant à Oenone et se trahissant devant Hippolyte, brusque l’inévitable. La notion de destiné possède une place primordiale au sein de la scène, puisqu’elle se trouve au centre même de la