La poésie est aussi un jeu du langage. Pour exprimer la beauté le poète utilise les mots, les sonorités, le rythme. Le poète joue avec les sons et par là, inconsciemment, reproduit un plaisir oublié de son corps : le jeu des sons. La poésie sourd du plus profond de l’enfance du poète. Du temps où, enfant, les sons et les rythmes étaient ses seuls jouets. En effet, le bébé dans son berceau découvre à un moment, que certains organes de son corps produisent un bruit. Il éprouve alors un plaisir très vif à reproduire ces sons qu’il rythme de plus en plus rapidement avec les mouvements de ses pieds et de ses mains. Il s’enivre, on dirait, des sonorités que sa bouche produit dans son apprentissage du langage. Ce plaisir se poursuit tout au long de l’enfance, quand l’enfant joue avec les mots, fabrique des comptines, les déplace comme des jouets pour construire des phrases qui le font rire et lui procurent des émotions. Comme l’enfant, le poète s’enivre lui aussi des sonorités des phrases et revit – inconsciemment - ce très ancien plaisir du corps et des jeux. La poésie est donc très sensuelle. Le poète, bien loin d’habiter les nuages, est l‘être qui vit le plus près de son corps. Le plus près de ses sens. Pour écrire le poète utilise davantage ses sens que son intellect. Il est, comme le dit Éluard : «un professeur des sens». Il nous apprend à ressentir. Il est facile de découvrir, en lisant les poètes, que constamment ils regardent, écoutent, sentent, touchent et goûtent.
Comme la peinture et les autres arts, la poésie a évolué au cours des siècles. Elle a d’abord servi de support à la mémoire des hommes. Une sorte de langage – outil pour les aider à retenir les textes précieux qu’ils désiraient conserver dans leur mémoire. En effet, la répétition des sons, la rime, le rythme de la poésie aident à graver dans l’esprit les mots. Il est plus facile de retenir un texte poétique, qu’un texte en prose. C’est pourquoi tous les textes sacrés de toutes les