Polemique camus
L’information a fait grand bruit, il y a quelques semaines de cela : le Président de la République, Nicolas Sarkozy, a émis l’hypothèse d’un transfert de la dépouille de l’écrivain Albert Camus (1913-1960) au Panthéon, au fronton duquel il est inscrit « Aux Grands hommes, la Patrie reconnaissante ». L’ancienne église dédiée à Sainte-Geneviève, transformée en « Temple républicain » au moment de la Révolution française, pourrait donc recevoir prochainement les restes mortuaires de l’auteur de l’Etranger, qui rejoindrait ainsi les quelques grands écrivains français déjà « panthéonisés » au fil des siècles : Alexandre Dumas, André Malraux, Émile Zola, Victor Hugo, Rousseau et Voltaire... C’est dans le contexte de la célébration des 50 ans du décès de Camus que Nicolas Sarkozy a émis cette idée ; le président déclarait récemment « La décision n’est pas encore prise mais ce serait un symbole extraordinaire de faire entrer Albert Camus au Panthéon. (…) J’ai pensé que ce serait un choix particulièrement pertinent. (…) Dans cet esprit, j’ai déjà pris contact avec les membres de sa famille, j’ai besoin de leur accord ». Un symbole de quoi ? Qui entrerait au Panthéon ? L’écrivain humaniste de gauche ? Le résistant ? L’algérien pied noir ? Le journaliste ? L’anticolonialiste farouche ? L’artiste ? Le dramaturge ? Celui qui a eu raison de Sartre à propos du communisme ?
Est-ce là un symbole profond ou un vulgaire signal politique, destiné à relancer – par les morts - la politique d’ouverture, et à effacer l’image anti-intellectualiste du Président ? Camus, en somme, serait plus « utile » que Madame de Lafayette, auteur de la Princesse de Clèves... L’intérêt passionné de Nicolas Sarkozy pour Camus n’est cependant pas nouveau. En 2007, le président avait déjà réuni la famille et les amis de l’écrivain pour célébrer le cinquantième anniversaire du Prix Nobel de littérature que l’auteur de La Peste avait