Politique 2.0, ou l'émergence du «cinquième pouvoir»
: En donnant à tout un chacun la possibilité d'exercer une forme de «cinquième pouvoir», qui succède à un quatrième pouvoir des médias de plus en plus défaillant dans son rôle de contre-pouvoir, le Web 2.0 va-il changer la politique ?
Par Philippe Astor | Vendredi 25 Août 2006
«Il faut changer le logiciel du pouvoir avant de rallumer la machine», écrit Christophe Barbier dans l'Express, dans un éditorial consacré à la présidentielle de 2007. Ca tombe bien, parce que le logiciel de la politique, lui, est en train de changer de fond en comble sur Internet. Le Web 2.0 et tous les applets, snippets, plug'in et autres flux RSS qui facilitent la mise en ligne dynamique de textes, d'idées ou d'images par tout un chacun, ouvrent la voie à la participation de tous au débat public. Sur les blogs ou sur des sites d'échange de vidéos comme Youtube ou Dailymotion, un «cinquième pouvoir» émerge, qui succède au quatrième pouvoir des médias, jugés de plus en plus défaillants dans leur rôle de contre-pouvoir. Et avec lui, de nouvelles formes d'engagement citoyen voient le jour et de nouveaux leaders d'opinion apparaissent. Ce qui est loin de laisser les hommes politiques indifférents.
De toute façon, ils n'ont pas le choix, et en font parfois l'amère expérience à leurs dépens. Lors d'un meeting électoral à la mi-août, le sénateur républicain de l'état américain de Virginie, George Allen, a traité à deux reprises un étudiant d'origine indienne qui le filmait de « macaque ». Diffusé le jour même sur Youtube.com par son auteur, le petit film des insultes racistes proférées par Allen a très vite battu tous les records d'audience, avant d'être repris par les chaînes de télévision américaines. George Allen, candidat à sa réélection et à l'investiture républicaine pour 2008, se serait bien passé de cette rentrée politique prématurée, qui a fait la Une des grands quotidiens américains et l'a conduit à se confondre en plates excuses