Ponge la bougie
Ce que retient, d’abord, le poète, de la bougie, c’est sa rectitude, elle est droite comme une plante qui aurait poussé là sur sa tige. Plante singulière dont la couleur est blanche, l’albâtre la pierre dont on fait les statuettes ou les vases à parfum : un blanc presque translucide. Elle porte une feuille d’or, la forme ovale à la base et pointue au sommet, de la flamme, rappelle en effet celle de la feuille, qui d’or, comme une couronne, suggère aussi la fleur. Mais par une forme d’antithèse à la blancheur d’albâtre de la colonne de la tige, et à l’or de la flamme-feuille, le pédoncule qui soutient celle-ci, est noir.
Le noir, la noirceur, l’obscurité est précisément tout ce que l’or de la flamme parvient à vaincre, la bougie recèle en elle ce qu’elle combat, le noir de l’obscurité, comme on dit de la vie qu’elle porte en elle le germe de la mort. Cette feuille naît « au creux d’une colonnette » dans ce qui fait vasque, elle naît du liquide de la cire fondue, en elle s’oppose, donc, aussi le liquide et le sec.
La flamme est sèche, elle est feu, la cire, elle, est devenue liquide sous l’action de la chaleur, et de cette eau le feu de la flamme, la feuille d’or, tire son aliment. Poussant entre deux mondes celui de la lumière et celui des ténèbres, la bougie les relie d’un trait blanc, jusqu’à ce que succombe la flamme qu’elle nourrit, dans la liquéfaction paradoxale de sa substance et la perte de sa rectitude dans l’inclinaison de sa consomption et de sa mort. La bougie s’épuise dans un combat