Porter une flamme
Hugues BONNET - 2012
Regard de braise ou flamme d’un regard, pluie d’étincelle ou feu liquide, flamme en drapé ou habit de lumière, les mots s’assemblent, virevoltent, s’échappent et montent.
De l’Aigle attribut de ZEUS, emblème de César et Napoléon, oiseau symbole qui voit loin, vole haut, près du soleil et redescend sur terre tel le dernier rayon solaire
A la civilisation romaine, dans un empire qui se désagrège, tente de raffermir les liens par une religion de l’état : Sol invictus, culte dédié au solaire
La flamme éclaire, la chaleur sèche, la flamme purifie, la chaleur réconforte
Mais, bien avant ces considérations essentielles…
La tribu se déplaçait lentement cheminant sur un sol inégal et ralentie par les hautes herbes et la nuit ; elle avançait au rythme des plus lents, attendant les plus faibles.
Lui aussi était lent, attentif et précautionneux dans ses pas ;
Ces humains avançaient sur une colonne, écartant quelques herbes hautes ou branches basses – lui protégeait avant tout son trésor – un récipient fait d’herbe tressée et de terre argileuse.
Le clair de lune rehaussait les volutes lents de la brume déplacée par la petite troupe, nimbant de sa pâle clarté les derniers mouvements de la nuit qui agonisait – seule, étonnamment, une brève lueur apparaissait au centre de la troupe sombre, scintillante et hésitante, comme si de l’homme, incertitude encore, devait venir la fin de l’obscurité.
Son trésor était le feu, il en était le gardien, le porteur.
Personne alors ne savait créer l’étincelle, personne ne savait donner vie à la flamme.
L’homme d’alors conservait, alimentait et transmettait la flamme.
La flamme, le feu étaient vitaux : si la tribu venait à perdre le feu, le froid la gagnait alors, si la tribu perdait la flamme du feu, plus de lumière dans la nuit, plus de cuisson, si la tribu laissait périr l’âtre, du foyer éteint sortait la terreur nocturne, les yeux phosphorescent