Dans l'incipit de Bel Ami, Maupassant trace de son personnage, Georges Duroy, un portrait ambivalent.
Duroy est présenté comme un personnage séduisant. Sa condition d'ancien militaire, rappelée à cinq reprises par les expressions "pose d'ancien sous officier" et "geste militaire", par la référence à "l'uniforme de hussard", par sa démarche, "jambes un peu entr'ouvertes" d'ancien cavalier et son "chic de beau soldat", lui donne de la prestance. La caractérisation de "joli garçon" au début, est développée par un portrait physique qui énumère des traits positifs : "grand, bien fait, d'un blond châtain [...] avec des yeux bleus". Les cheveux bouclés et la moustache, qui en "moussant" appelle les baisers, mentionné deux fois, lui donne un caractère viril. Bien que pauvre, il porte avec élégance ses vêtements de qualité médiocre : "un chapeau à haute forme", mais "défraîchi" et un costume bon marché mas qui attire l'œil. La séduction qui émane de lui est posée d'emblée par le regard que les femmes portent sur lui. Cependant, le comportement qu'il adopte révèle un caractère déplaisant, voire méprisable. Sûr de lui jusqu'à l'arrogance, il avance sans considération d'autrui, comme l'indiquent les participes présents "heurtant" et "poussant" précédés de l'adverbe "brutalement". Son allure traduit donc une certaine violence. Son caractère provocateur est rendu par le verbe "défier" suivi d'une gradation ascendante : "les passants, les maisons, la ville entière" suggérant que sa vanité n'a pas de limites. Les calculs longs et compliqués auxquels il se livre prouvent qu le manque d'argent est pour lui une obsession et qu'il n'a en tête que son plaisir. À l'égard des femmes, il se comporte en séducteur et même en prédateur en quête d'une proie comme l'indique la comparaison de son regard à un "coup d'épervier", c'est à dire à un filet de chasse. À l'affût dès la sortie du restaurant, il s'engage dans la traque d'une occasion d'aventure, ce qui confirme ce caractère de