Pourquoi désirer ce qui n'est pas nécessaire ?
Pourquoi désirer ce qui n’est pas nécessaire ?
Le fait est que l’Homme a pour caractéristique le fait de désirer. Le désir, cet Appétit avec conscience de lui-même, est en effet propre à l’être humain ; il est l’essence de l’Homme selon Spinoza. Quant au nécessaire, c’est tout ce dont on a besoin, tout ce dont l’Homme a besoin. Pourquoi sommes-nous capables de désirer ce qui n’est pas nécessaire ? Qu’est-ce qui peut nous motiver à vouloir une chose dépassant ce qui relève du besoin ? En quoi le désir a-t-il un caractère injustifié ? Y’a-t-il une différence entre désir et besoin ? A la différence de ce dernier, le désir lui, ne porterait-il pas justement sur ce qui n’est pas nécessaire, sur ce dont l’Homme n’a pas besoin ? Ne serait-ce pas là son essence-même ? Il y a ici une des questions révélant une part de la complexité du désir. A partir de cette réflexion-ci, pourquoi alors désirer une chose que l’on n’obtiendra pas forcément ? Désirer est ainsi, en un sens, prendre le risque d’être déçu : cela peut faire souffrir l’Homme de par son inaccessibilité ; elle est d’ailleurs accentuée de plus en plus par ce qu’on nomme la société de provocation. Le mot souffrir est utilisé concernant une souffrance morale, l’individu ayant l’envie d’une chose qu’il ne pourra obtenir. Le désir a alors réellement un aspect insatiable et inaccessible. Pourquoi désirer, dans ce cas ? On pourrait penser que l’instinct de conservation de l’Homme le limiterait à rechercher uniquement ce qui lui permettrait de survivre. Il se peut que l’Homme ait en fait le désir du désir. Hegel fait remarquer qu’un objet ou un être est d’autant plus désiré s’il est déjà désiré par quelqu’un d’autre (ce qui est par exemple le principe de la publicité ou même de la vente aux enchères). Cette « circulation du désir » visant à l’envie du non-nécessaire, confirme une certaine appartenance à l’Humanité : un animal ne désirant pas, je ne désire pas ce que désire un animal.