Pourvu qu'il ne soit pas trop tard
Les yeux bleus de mes deux filles se remplissent de larmes. Comme du sel de mer qui s’écoule sur leurs joues d’enfant. Leur innocence confrontée à la brutalité des hommes. Le climat est lourd. Ma gorge se sert, mes yeux sont humides. Je retiens mes larmes par pudeur. Les petits doigts se crispent sur ma main. L’insoutenable…
Des pêcheurs tranchent sans pitié les ailerons de requins à peine sortis de l’eau. Le squale, si agile dans l’océan, n’est plus qu’une proie sans défense dépecé en quelques coups de couteau. Quelques secondes pour anéantir une vie. Le requin privé de ses ailerons se tortille atrocement que déjà, les assassins le poussent encore vivant, hors de leur bateau. Il coule alors misérablement dans l’abîme. Victime du pire prédateur de la planète…
Ô mes enfants, j’aurais voulu construire un empire juste pour votre sourire. Devenir le soleil pour sécher vos sanglots devant l’horreur humaine. Faire battre le ciel pour un futur plus beau. Mais c’est plus fort que moi.
Votre papa n’y peut malheureusement rien. Ce monde n’est pas pour moi. Ce monde n’est pas le mien.
Mais si le monde est fou. Si les hommes sont malades. Je garde plein d’espoir mes chères petites filles.
Car je suis fier d’avoir fait de vous le souffle de notre avenir. Vous faites partie de cette descendance qui va raviver les braises de notre planète. Réparer les erreurs de ces tristes générations qui vous ont précédé. L’héritage est lourd, mais vous saurez y faire…
Je prie juste pour qu’il ne soit pas trop