Prologue d'antigone d'anouilh (analyse)
I - Différences avec la tragédie classique :
Le Prologue est comme le "réalisateur" de la pièce. La distance avec Sophocle est marquée par la familiarité des attitudes des personnages, les gardes jouent aux cartes, et Ismène bavarde, et aussi par les anachronismes.
Normalement, lors de la scène d'exposition, les personnages principaux et l'intrigue sont exposés par un dialogue qui ne s'adresse pas directement au public. Dans Antigone, elle est beaucoup plus schématique, elle est traitée d'une manière moderne, les personnages sont présentés de manière organisé par ordre de proximité avec Antigone et l'un après l'autre.
Tous les personnages sont sur la scène, mais ils sont là comme si ils n'étaient pas encore en représentation mais en coulisses.
On peut aussi noter l'écart entre le personnage d'Antigone et son actrice : "Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure", "il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout..." La distance entre spectateurs et acteurs est marquée : " de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n'avons pas à mourir ce soir" Le vocabulaire du théâtre est utilisé ce qui ne nous permet pas d'oublier qu'on est au théâtre. Le suspense a été "cassé". Mais, en fin de compte, non, comme on connaît l'histoire, on a comme une espèce de supériorité par rapport aux personnages, et on ne connaît pas les réactions qu'ils vont avoir durant la scène. Anouilh le dit lui même dans Œdipe ou le Roi boiteux (cliquez ici pour voir l'extrait où il en parle ). Par ailleurs, on sait qu'on va voir une tragédie : la mort des personnages est annoncée et ils n'ont aucune issue pour y échapper.
Anouilh veut faire quelque chose de nouveau avec Antigone : il a écrit en prose avec un registre courant à familier alors que traditionnellement, les tragédies sont écrites en vers et avec un registre soutenu ; on découvre de nombreux anachronismes dans son œuvre comme : les trois gardes