Préface de cromwell
« Un manifeste est une communication faite au monde entier, dont les seules prétentions sont de découvrir un remède instantané à la syphilis politique, astronomique, artistique, parlementaire, agronomique, et littéraire. Il peut être agréable. Il a toujours raison. Il est fort, plein de vigueur et logique. A propos de logique, je me trouve très sympathique. » Tzara, 12 décembre 1920
La Préface de Cromwell a été écrite par Victor Hugo en 1827, à l’aube de sa carrière d’écrivain. Comme son nom l’indique, ce texte est censé faire office de préface. Pourtant, alors que l’objectif principal d’une préface est d’éclairer le lecteur sur les intentions de l’auteur, La Préface de Cromwell vise un tout autre but, la mise en avant du drame romantique, jeune courant du romantisme dont Hugo se fait le défenseur. Ce mouvement, né dans les bouleversements socio-politiques de la première moitié du 18ème siècle (fin de l’Empire napoléonien, Monarchie de Juillet, Seconde République), s’oppose aux conventions classiques et tente de libérer la jeunesse de l’époque d’un certain mal de vivre crée par un sentiment de nostalgie et d’égarement par rapport aux événements de ce début de siècle.
En quoi peut-on considérer cet ouvrage comme une véritable défense et illustration du romantisme ? L’analyse du contenu du texte et la comparaison avec d’autres préfaces et manifestes nous amèneront à comprendre comment Hugo argumente en faveur de ses idées dans une œuvre qui perd presque totalement sa vocation initiale.
Tentons tout d’abord une définition : pour Jeanne Demers et Lyne Mc Murray, un manifeste est une « intervention-choc écrite et/ou agie faite par un ou des destinateurs minoritaires auprès d’une majorité réelle ou fantasmée dont ils cherchent à forcer l’adhésion à quelque projet esthétique, éthique et/ou politique » (L’Enjeu