Préface de poèmes lyriques
La musique souvent me prend comme une mer ! Vers ma pâle étoile,Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ;La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile,J’escalade le dos des flots amoncelés Que la nuit me voile ; Je sens vibrer en moi toutes les passions D’un vaisseau qui souffre ;Le bon vent, la tempête et ses convulsions Sur l’immense gouffreMe bercent. D’autre fois, calme plat, grand miroir De mon désespoir!
Sully Prudhomme — Épaves
La Musique
Ah ! chante encore, chante, chante !Mon âme a soif des bleus éthers.Que cette caresse arrachanteEn rompe les terrestres fers !Que cette promesse infinie,Que cet appel délicieuxDans les longs flots de l’harmonieL’enveloppe et l’emporte aux cieux !
Les bonheurs purs, les bonheurs libresL’attirent dans l’or de ta voix,Par mille douloureuses fibresQu’ils font tressaillir à la fois…Elle espère, sentant sa chaîneÀ l’unisson si fort vibrer,Que la rupture en est prochaineEt va soudain la délivrer !La musique surnaturelleOuvre le paradis perdu…Hélas ! Hélas ! il n’est par elleQu’en songe ouvert, jamais rendu.
[[Auteur:|]] — Le Pèlerin passionné
Si musique et douce poésie s’accordent…Richard BarnfieldTraduit par François-Victor Hugo
Si musique et douce poésie s’accordent comme le doivent deux sœurs, alors nous devons bien nous aimer, toi et moi, car tu aimes l’une et j’aime l’autre.
Ton goût est pour Dowland, dont la touche céleste sur le luth ravit les sens humains ; le mien est pour Spenser, dont la pensée est si profonde que, dépassant toute pensée, elle échappe à l’éloge.
Tu aimes entendre le doux son mélodieux que Phébus tire de son luth, ce roi de la musique, et moi je suis surtout noyé dans des délices profondes quand il se met à chanter.
Poésie et musique ont le même Dieu, dit la fable : toutes deux ont le même amoureux, car toutes