Préface, "le dernier jour d'un condamné"
L’extrait proposé ici est l’incipit du roman, il évoque la marche des cinq condamnés vers ce qui semble une mort assurée.
De quelle manière les informations données progressivement permettent de susciter une attente marquée par l’émotion?
Nous étudierons dans un premier temps la manière dont Japrisot crée un effet d’attente, en délivrant progressivement les informations importantes, avant de voir que s’amorce déjà la dénonciation de la guerre. En fin nous montrerons que contrairement à ce qui pourrait sembler, ce texte est bien un incipit, le début d’un roman, et non la fin d’une histoire.
I) C’est en diffusant très progressivement les informations que Sébastien Japrisot suscite l’intérêt chez son lecteur.
A cet égard, il joue très habilement sur le changement des points de vue. Il alterne ainsi des moments en focalisation externe (le narrateur en sait moins que le personnage): «L’un suivant l’autre et peinant à chaque pas, ils allaient tous les cinq vers les premières lignes, les bras liés dans le dos«avec d’autres passages où il manifeste son statut de narrateur omniscient: «Le premier, jadis aventureux et gai, portait à son cou le numéro 2124 d’un bureau de recrutement de la Seine. Il avait des bottes à ses pieds, prises à un Allemand«. On ne connaît pas encore beaucoup de choses sur les individus, ce qui alimente le suspens.
Quelles sont donc les informations qui nous sont données?
La guerre apparaît dès la première phrase, dans un effet de contraste: «Il était une fois cinq soldats français qui faisaient la guerre«. Si la formule «Il était une fois» suggère le conte de fée, la mention de la guerre suit