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Nous étudierons dans un premier temps de quelle manière Japrisot crée un effet d’attente, en délivrant progressivement les informations importantes, avant de voir que s’amorce déjà la dénonciation de la guerre. En fin nous montrerons que contrairement à ce qui pourrait sembler, ce texte est bien un incipit, le début d’un roman, et non la fin d’une histoire.
I C’est en distillant très progressivement les informations nécessaires à la compréhension que Sébastien Japrisot suscite l’intérêt chez son lecteur.
A cet égard, il joue très habilement sur le changement des points de vue. Il alterne ainsi des moments en focalisation externe (le narrateur en sait moins que le personnage): “L’un suivant l’autre et peinant à chaque pas, ils allaient tous les cinq vers les premières lignes, les bras liés dans le dos“, “Le 2124 avançait dans les boyaux en arrachant, pas après pas, ses jambes de la boue, et parfois l’un des bonhommes l’aidait en le tirant par la manche de sa vieille capote, changeant son fusil d’épaule, le tirant par le drap de sa capote raidie, sans un mot, l’aidant à soulever une jambe après l’autre hors de la boue”, avec d’autres passages où il manifeste son statut de narrateur omniscient: “Le premier, jadis aventureux et gai, portait à son cou le numéro 2124 d’un bureau de recrutement de la Seine. Il avait des bottes à ses pieds, prises à un Allemand“. Si la focalisation externe fait naître la curiosité, la focalisation zéro donne des réponses, mais encore assez partielles, ce qui alimente le suspens.
Quelles sont donc les informations qui nous sont données? La guerre apparaît dès la première phrase, dans un effet de contraste: “Il était une fois cinq soldats français qui faisaient la