Préface - les animaux en poésie
1418 mots
6 pages
Avant d’aborder le thème des animaux en poésie, nous désirons rappeler que les bêtes ont une place de choix dans la poésie depuis le Moyen-âge, même si le plus ancien des poèmes choisis est publié en 1835. Si Jean de la Fontaine préfigure dans ses Fables l'importance de la figure animale dans la poésie française dès le dix-septième siècle, il serait incongru de les considérer absents des écrits des siècles précédents. Bien au contraire, chats, chiens, loups, renards et autres corbeaux constituent un bestiaire familier dont la symbolique, héritage direct des figures antiques plus ou moins occidentales, s'impose à travers les œuvres de toutes sortes, dès le Moyen-âge. Le premier exemple qui viendra secouer votre imaginaire, est certainement celui du Roman de Renart, où la société féodale est racontée par des animaux agissant comme des humains. Mis à l’écart quotidiennement, l’animal prend dans notre imaginaire une place prépondérante ; il cristallise nos peurs comme nos morales. Il devient alors fantasmagorique, symbolique et lourd de plusieurs sens, et sa citation devient un procédé habile de l’écriture poétique. L’étude du rôle de l’animal dans la poésie se révèle passionnante car plurielle selon les époques et courants littéraires et la place de l’animal par rapport au poète ou à l’homme varie de même.
Les pages que vous aurez l’occasion de découvrir par la suite tentent de présenter, sous la plume de différents auteurs, l’animal dans la poésie depuis le Romantique Musset dans « La Nuit de Mai », à travers le spleen baudelairien de « L’Albatros » ainsi que la malédiction caricaturale d’un Corbière dans « Le Crapaud » vers l’oulipisme d’un Roubaud dans « Le Lombric ».
Quand le poète devient animal, sa métamorphose se distingue nettement des plus communes ; le bestiaire familier est écarté et l’auteur choisit une figure dont le mysticisme est indéniable. Tantôt pélican, ce « pêcheur mélancolique » qui « regarde les cieux » chez Musset, tantôt albatros « prince